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Quand le travail fait mal !

16 Oct 2020 | Article

Avant de faire mal, le travail devrait être le lieu de tous les possibles : créativité, innovation, convivialité, collaboration, partage…

Il est aussi et d’abord source de promesses d’accomplissement de soi par la reconnaissance des savoirs faire, d’utilité car être utile donne du sens (à ce que l’on fait : à la vie), de construction identitaire et d’émancipation même si aujourd’hui pour certains, qu’ils soient jeunes ou âgés, le travail fait défaut.

Aujourd’hui le travail devient source de tracas, de souffrance et de défiance. Combien de mes patients témoignent de ces réunions inutiles où ils font acte de présence et où leur parole n’est ni entendue ni invitée. Ces témoignages retracent des parcours, pour la plupart, sans encombre. Une carrière linéaire, une progression naturelle jusqu’à l’arrivée d’un nouveau manager, le départ d’une directrice, un rachat, une fusion ou un changement d’organisation. Et là patatra : brutalement, tout dérape.

« J’étais la première femme diplômée dans ce domaine dans mon entreprise et soudainement ils n’ont plus besoin de moi semble-t-il !  » me dit l’une.

« J’ai toujours été disponible, j’ai toujours eu de bonnes relations avec mon management mais avec elle j’avais peur de poser des questions, alors que cela faisait partie intégrante de mon travail » me dit l’autre.

« J’ai peur de retourner travailler et de faire face à ce responsable. La pression et les risques d’accident ne sont plus supportables ».

Toutes ces personnes sont convaincues de ne plus être à la hauteur, de n’être plus capable de travailler, de faire bien leur travail ou même de savoir le faire.

Combien de fois ai-je entendu en entreprise, dans les médias ou au travers des témoignages de mes patient ces appellations « bien-être au travail » ou « bonheur au travail » !

La QVT « Qualité de vie au travail, comme solution à tous les problèmes ! « Un signe bien mal choisi car phonétiquement proche de « cuvette », entretient cette idée d’une comédie managériale » selon Julia de Funès et Nicolas Bouzou dans « la comédie (in)humaine aux éditions l’Observatoire. Le postulat d’un bonheur évident posé comme une injonction à être heureux aux risques d’être qualifié de trouble-fête !

Au salarié d’aujourd’hui il n’est plus demandé de réfléchir à sa pratique, de penser son travail ou de contribuer à l’améliorer au service du plus grand nombre. Le travail vidé de son sens ne permet pas à celui qui l’exécute d’en mesurer le résultat. Quid de la contribution au monde ? Aujourd’hui le salarié doit appliquer (des process, des règles) et/ou obéir. Contraints par cette bureaucratie, le salarié est vidé de son énergie créatrice et de sa volonté de contribuer.

La charge de travail s’accroit partout, il n’est plus apprécié en équipe, la débrouille est légion face au manque de vision claire, sans compter le management qui ne manage plus ses équipes mais des résultats. Ajouté à cela les réorganisations incessantes du travail sont des freins à une organisation stable permettant d’assoir les savoir-faire.

Le travail devient mécanique et déshumanisé.

Ce qui rend malade c’est essentiellement, sans que la liste ne soit exhaustive :
– de ne pas pouvoir faire correctement son travail,
– de ne pas avoir les moyens de travailler (matériel, organisationnel, procédurale),
– Ne pas pouvoir coopérer,
– L’absentéisme et/ou le manque de collègues,
– Ne pas avoir d’informations claires.

Quand le salarié tombe malade de son travail il a déjà depuis longtemps dépassé ses limites.

Et pourtant, heureusement que ces femmes et ces hommes sont là pour que le travail se fasse. Je parle ici du véritable travail, celui que l’on appelle en psychologie du travail, le réel. Celui que ces personnes font tous les jours malgré les incohérences, les contradictions organisationnelles, les process inadaptés ! Pour le faire ils puisent dans leurs ressources personnelles, individuelles et collectives ; ceci représente un travail invisible ajouté à leur quotidien pour que le système fonctionne ! Un travail supplémentaire qui peut finir par épuiser.


ATTENTION AU DISCERNEMENT EN CE QUI CONCERNE LA COMMUNICATION DANS L’ENTREPRISE

Je suis spécialiste de la communication, de la résolution des conflits. J’accompagne en entreprise et dans mon cabinet des personnes qui veulent à titre personnel ou professionnel améliorer leur relation, savoir mieux exprimer leur besoin, apprendre à poser des limites, déterminer et identifier leurs besoins toutefois je vais apporter un bémol à cette belle approche que je porte.

Dans l’entreprise il y a à faire attention à la manière dont on s’exprime et à qui l’on s’adresse. Il ne s’agit pas en effet d’utiliser des outils de la communication non violente et authentique quand on se sent en danger ou que l’on n’est pas en confiance. Ce qui sera dit par vous pourra être utilisé contre vous. Dans l’entreprise des systèmes relationnels sont établis. Il y a des modèles sur comment être. Ce qui ne correspond pas à notre façon de communiquer authentiquement dans la relation intime, profonde.

Ce n’est pas la place pour communiquer avec sa vulnérabilité quand vous savez que vous ne serez au mieux pas accueilli et au pire mis en danger.

Si c’est possible et que vous êtes dans un environnement sécurisant pour vous, voici quelques clés de communication :
– S’appuyer sur des éléments objectifs,
– Faire attention aux apparences et s’appuyer sur son ressenti quand il y a un écart entre ce qui est dit et ce que vous vivez,
– Exprimer dans la mesure du possible ce qui se passe pour vous sans juger l’autre mais en faisant des demandes précises, des propositions claires,
– Poser des limites,
– Ne pas dépasser ses limites,
– Décider – choisir,
– En parler, se faire de la place pour exister avec son vécu souffrant en lien avec l’autorité en entreprise – discerner sur comment communiquer.

SIGNES ET CONSEILS

Les signes que je mentionne ici ne sont pas exhaustifs, ils sont des exemples de ce que la plupart des personnes qui me consultent ressentent.

Si vous vous sentez plus que fatigué, exténué,
que vous ne parvenez plus à vous concentrer au travail,
que vous vous sentez dépassé,
que vous doutez de vous, perdez confiance et vous remettez en cause,
que votre situation professionnelle en est à tel point qu’elle occupe votre esprit à la maison, dans vos soirées, le week-end, et la nuit,
que vous commencez à avoir mal au ventre le dimanche après-midi à l’idée de retourner travailler le lundi matin,
que vous avez des crises de larmes, des pertes d’appétits, des crises d’angoisse…

Ne restez pas seuls, faites-vous aider !

Le site « Souffrance et travail » peut vous donner des informations précieuses sur votre situation.

Des psychologues du travail peuvent vous accompagner pour comprendre ce qui se passe ou ce qui s’est passé pour vous, afin que vous puissiez reprendre du pouvoir sur votre vie et votre avenir professionnel.

Bibliographie

Ils ne mourraient pas tous mais tous étaient frappés

De Marie Pezé (Éditions Champs Actuel).

Marie Pezé est à l’origine de la création des consultations « souffrance et travail ». Elle a ouvert la première consultation à Nanterre en 1997. Dans ce livre elle présente ces anonymes victimes de leur travail et alerte sur l’aggravation des pathologies liées au travail. Elle est également à l’origine du réseau www.souffrance-et-travail.com qui offre avec une grande générosité des informations précieuses sur toutes les questions liées au travail (guides, liste de praticiens, articles…). J’ai beaucoup de respect pour le travail qu’elle engage dans le soutien des personnes en souffrance au travail.

La Comédie (in)humaine

De Nicolas Bouzou – Julia de Funès (Éditions l’Observatoire).

Dans ce livre les auteurs décryptent nos organisations du travail au travers d’exemples dont ils ont été témoin. Leur analyse m’a beaucoup impactée car elle reflète ce que les personnes que je reçois dans mon cabinet me disent. Ce livre est tout autant aidant pour les professionnels que les salariés lambda en peine à comprendre ce qui leur arrive dans leur entreprise. En ce qui me concerne j’ai été impressionné par les vérités que j’ai pu lire pour avoir moi-même rencontré certaines de ces situations lorsque j’étais salariée.

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